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Au Liban, la difficile quête d’un logement pour les familles qui fuient les bombardements

Dans un hôtel de Hamra, quartier cosmopolite de Beyrouth, où il a trouvé refuge temporairement, Abbas, déplacé du sud, pousse un soupir de soulagement, mercredi 25 septembre : l’un de ses frères, qui était resté dans la région, visée par de violents bombardements israéliens depuis lundi, vient d’arriver dans le Chouf, la région druze, au sud de la capitale. « On va avoir une visite d’oncle Ibrahim », lance-t-il à ses trois fillettes, en tentant de transformer l’exode soudain et traumatique en un moment de fête.
« Ce n’est pas du tout facile de trouver où se loger », note Abbas, enseignant à l’université publique. « Des propriétaires font du chantage sur le prix des loyers. Il faut connaître des gens pour pouvoir être accueillis dans certaines régions, ajoute-t-il, dans une référence implicite aux fractures confessionnelles du pays. Nous sommes ici, à l’hôtel, parce que des proches à l’étranger paient pour nous. » Dans le hall, des déplacés négocient, à l’accueil, le nombre de jours qu’ils resteront, désireux de s’assurer un abri mais incertains de la suite.
Abbas est arrivé avec ses filles et sa femme dans la nuit de lundi à mardi, après le début des bombardements. Ils ont pris la route depuis la région de Tyr, la peur au ventre, et se sont retrouvés dans des embouteillages monstres. « La violence des frappes sur le sud du Liban était inimaginable. Nous nous étions habitués depuis un an aux bombardements au loin, sur les vallées, témoigne-t-il, dans une allusion aux affrontements de faible intensité de ces derniers mois, entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Mais, lundi, les frappes sont arrivées sur nos villages. Les Israéliens voulaient pousser à un exode de civils. »
L’offensive israélienne, qui a causé plus de 600 morts depuis lundi, a engendré un mouvement massif de population, du sud vers le nord du Liban. Selon les Nations unies, plus de 90 000 personnes ont été déplacées. Une minorité se trouve dans des écoles transformées en centres temporaires. « L’aide y est tout à fait insuffisante, note Edouard Beigbeder, représentant de l’Unicef au Liban. Nous avons pu nous rendre dans une cinquantaine de centres, mais il y en a plus de 300. A Saïda [grande ville du sud du Liban, épargnée par les bombardements], j’ai senti beaucoup de colère chez les déplacés, qui se sentent abandonnés. »
Beaucoup de nouveaux venus du sud du Liban, en majorité chiites, ont trouvé refuge chez des proches. Comme Rana K., originaire de Gazieh, réfugiée chez sa tante dans la capitale. Pour ceux qui n’ont pas de famille pouvant les héberger, il faut composer avec la géographie confessionnelle du Liban. Les régions chiites sont jugées exposées. Ailleurs, un sentiment de méfiance est parfois présent, nourri de la peur que l’afflux de déplacés du sud n’attire les frappes du voisin israélien ou en raison d’un réflexe anti-chiite non dit. « Si on a de l’argent, tout va bien », dit toutefois Hussein, venu de Gazieh s’installer à Karm-el-Zeitoun, quartier chrétien de Beyrouth, où vivaient déjà ses deux filles étudiantes.
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